J’ai cette année vécu mon premier « Morgenstreich », le lancement à 4h du matin du Carnaval de Bâle, le plus grand de Suisse ! 3 jours fériés à Bâle, durant lesquels les 15 à 20.000 membres de « cliques » se déguisent, distribuent des bonbons, jettent des confettis et font beaucoup de bruit.
Carnaval de Bâle & Morgenstreich : vous n’avez pas les bases
Classé au Patrimoine Culturel de l’UNESCO, le Carnaval de Bâle remonte au XIVè siècle et est constitué de nombreux codes … qui en font un Carnaval unique.
Voici 3 choses à savoir sur le Carnaval et le Morgenstreich :
La première info peut paraître surprenante : si tu souhaites t’y rendre, inutile de te déguiser. Le Carnaval est contemplatif et les déguisements sont réservés aux membres des Cliques, groupes de Guggenmusik ou encore aux Schnitzelbänkler. Tout un langage codifié, qu’il faut au moins connaître avant de te rendre dans la cité Suisse pour comprendre ce que tes yeux verront.
Il y a ensuite la Blaggedde, petite insigne officielle du Carnaval. La version cuivre coûte 9CHF (8€) et les fonds sont reversés aux groupes participants aux défilés. Une manière de soutenir le Carnaval … et une assurance pour ne pas prendre cher lors des défilés en journée 🙂
On peut en acheter dans la plupart des kiosques de la ville et des vendeurs ambulants en proposent à la sortie de la Gare.
Enfin, la dernière info, c’est le moyen de venir à Bâle : comme à mon habitude, je te propose le train ! Et à voir comme les rues sont bondées, je pense que c’est la meilleure solution que la voiture.
La SNCF met spécialement en place des trains arrivant à 3h en gare de Bâle, ce qui laisse le temps d’aller en centre-ville et de se trouver une place pour apprécier le Morgenstreich.
Tu trouveras ici quelques conseils pour préparer la visite et toute la liste des mots à connaître.
Nuit blanche dans les rues de Liestal
Mon expérience commence à Liestal, ville située à une dizaine de kilomètres de Bâle : on m’a proposé de venir passer la nuit avec des amis d’amis, pour boire des coups, faire connaissance et attendre le grand démarrage à 4h. C’est ainsi que font les locaux pour être assuré d’assister au Morgenstreich.
Jusqu’à 3h du matin, on arpente des rues recouvertes de confettis, au son des fanfares qui défilent les unes après les autres dans la ville. Les membres des fanfares sont très jeunes, la vingtaine ! L’ambiance est donc très festive et nous réchauffe dans ce froid semi-hivernal.
Les rues sont aussi recouvertes de bois brûlés … j’apprends plus tard que Liestal est connue pour une toute autre tradition : le Chienbäse se tient la veille du Carnaval de Bâle et voit défiler hommes et femmes portant des troncs flamboyants pesant 50 à 80 kg. Les photos sont très impressionnantes et je regrette d’avoir manqué ça ! C’est dans ma TO DO pour l’an prochain.
Il est 2h30 lorsque nous prenons le chemin de la Gare. Quelques troupes de Guggenmusik jouent encore à tue-tête dans les rues. Certains déguisements sont d’ailleurs effrayants, au beau milieu de la nuit. Ils font penser au film SAW …
Dans le train à 3h
À la Gare, un long train nous attend : il est direct jusqu’à Bâle et me donne l’impression qu’un tel train est affrété pour chaque village alentours. Le quai est bondé, c’est là que je prends conscience de l’ampleur du Morgenstreich qui se prépare.
Les trains se retrouvent tous à la Gare de Bâle aux alentours de 3h, cette dernière débite un flot continue de passagers qui convergent dans le centre ville. Comme notre petit groupe, qui arrive à se faufiler dans les ruelles pour se prendre une place de premier choix.
À 4h, les lumières s’éteignent et les fifres sifflent
3h58, le brouhaha des habitants et visiteurs est recouvert par des « chuuuut » dans la foule. Les cliques sont en place, avec des lanternes peintes à la main pour chaque personne participant au défilé. Tout rentre parfaitement dans l’ordre : les groupes parés à défiler forment des lignes de 4 à 5 personnes, de quoi laisser un couloir de chaque côté pour le passage et juste assez de place pour 1 à 2 rangée(s) de spectateurs de part et d’autre.
À 4h pile, dans un silence de mort, la ville est plongée dans le noir et les fifres résonnent. On en frisonne. Seules les lanternes et les quelques écrans de smartphone éclairent les rues d’une faible luminosité. En levant les yeux au ciel, on voit les étoiles.
C’est là que commence un impressionnant et mystérieux défilé de cliques prenant des directions qui paraissent aléatoires, dans les rues de leur choix, fendant la foule.
La faible luminosité et le monde rendent complexes les déplacement en groupe, qui s’est divisé en 2. Nous avons quelques secondes pour nous caler un point de rdv avec la personne m’accompagnant.
La balade contemplative se poursuit : certaines cliques abordent des sujets légers (dessins animés, Europa Park …), d’autres parlent de politique. Trump y passe aussi. Je passe 1h dans les rues, avant de décider de traverser le Rhin car mon autre objectif est tout aussi traditionnel : goûter la fameuse Mehlsuppe, la soupe bâloise à la farine, qui se déguste traditionnellement au Carnaval.
Soupe bâloise à la farine, à 5h30 du mat’
Au départ, j’avais une image pas très reluisante de la Mehlsuppe (soupe à la farine) : dans ma tête, c’était le genre de plat qu’on déguste à l’extérieur, avec une texture semi-visqueuse et blanchâtre. Bref, de la farine mélangée à de l’eau chaude.
Grande surprise : les bars et restaurants sont ouverts pour l’occasion et servent un menu spécial Carnaval.
Je commande donc ma Melhsuppe au chaud (6,50.- CHF), avec une bière (je rappelle que j’ai fait nuit blanche :-)).
Aucune trace de viscosité et le plat fait vraiment du bien, surtout après être resté toute la nuit dans le froid !
À 6h, on décide de reprendre la route pour se reposer un peu avant de repartir pour l’après-midi.
Bonne nouvelle : les trams roulent toute la nuit dans Bâle (en évitant le centre-ville). Le nôtre part de la Messeplatz.
13h30, l’heure de la grande parade !
Après quelques heures de repos, retour à la Messeplatz, qui résonne au son des tambours et des fifres. 15 à 20.000 personnes participent déguisées au défilé, qui se tient sur les artères principales de la ville. C’est extrêmement surprenant ! On retrouve d’ailleurs les cliques vues au petit matin.
L’ambiance est surréaliste : il y a environ 300 cliques et je suis impressionné par 2 choses : le soin apporté dans les déguisements, les chars et les thématiques, mais aussi l’âge hétéroclite des participants (de 7 à 77 ans).
Je n’ai pas réussi à tout comprendre, mais j’ai pu identifier 4 grandes thématiques : le cinéma, les comtes de fées, la politique et le réchauffement climatique (en espérant que les confettis soient biodégradables …)
Figure emblématique du défilé, présent sur tous les chars : le Waggis. Il est la caricature du paysan sundgauvien qui venait jadis travailler à Bâle et qui passait beaucoup de temps dans les bars.
Fourbe, il distribue autant de fleurs ou de bonbons, que de légumes ou confettis. On le retrouve à tous les coins de rue, avec d’autres personnages typiques.
Mon retour d’expérience sur le Carnaval de Bâle
Après 72h d’animation dans les rues de Bâle, le Carnaval s’est terminé par le Endstreich ce matin à 4h pile. Les membres des cliques sont depuis retournés à leurs occupations habituelles, jusqu’à l’année prochaine.
De mon côté, j’ai adoré ce Carnaval qui est très impressionnant et donne des frissons ! Il est certes dans un tout autre registre que l’image festive qu’on a d’un Carnaval, mais l’expérience vécue vaut le détour. Je pense que je me souviendrai longtemps de ce premier Morgenstreich. J’ai encore le son des fifres qui résonnent dans ma tête.
Si j’ai un seul bémol à souligner, c’est la complexité de comprendre tous les codes pour un novice : j’ai vaguement lu des infos sur le net avant de venir. Creuser le sujet me permettra d’augmenter mon niveau de connaissances l’an prochain !
Le Carnaval de Bâle fait partie de ces événements de renommée mondiale, dont on prend conscience une fois sur place. L’exemple parfait de la chose à faire au moins une fois dans sa vie (je n’exagère pas). En plus, on a la chance d’y vivre à proximité et des solutions pour y accéder facilement. Ce serait vraiment bête de passer à côté du prochain !
Si tu en as l’occasion, je te recommande vraiment de venir sur Bâle la veille, pour une nuit blanche dans les bars et les rues, comme le font les locaux.
Sinon, le train arrivant à 3h du matin reste la meilleure solution pour en profiter pleinement et aller au boulot le ensuite !
Le Morgenstreich 2020 est déjà noté dans l’agenda : il se tiendra le 2 mars
Carnaval de Bâle et Morgenstreich
- Coup d’envoi à 4h du matin, le 1er lundi suivant le mercredi des cendres (entre février et mars)
- Accès en train
- La SNCF met en place des trains arrivant à 3h.
- Ils desservent Strasbourg, Sélestat, Colmar, Mulhouse et Saint-Louis.
- Les tarifs aller-retour / personne vont de 5€ (départ Mulhouse ou Saint-Louis) à 12€ (départ Strasbourg)
- Depuis la gare de Bâle … suivre la foule 🙂
- Sur place, tout se fait à pied. Si tu choisis de venir la veille :
- Prendre le ticket TriRegio Mini, 24h de trains, trams & bus en illimité dans la zone Saint-Louis / Bâle / Weil-Am Rhein
- Le tarif est de 9€10 (plus d’infos)
- Site web du Carnaval de Bâle (en français)