Une légende urbaine raconte qu’un Hôpital serait caché sous Les Halles et qu’il serait prêt à l’emploi en cas d’attaque. Je me suis penché sur le sujet pour démêler le vrai du faux et commencer une série d’articles sur le Strasbourg (très) secret.
Les lieux dont je souhaite parler dans la série « Strasbourg (très) secret » existent. Certains peuvent faire l’objet de fantasmes et d’histoires déformées et c’est ce que je souhaite mettre ici en lumière.
Avec la dream team Rutsch, on a également à cœur de rédiger nos articles et de partager nos propres photos. Mais ce papier traite d’un endroit secret, fermé du grand public et accessible uniquement par des professionnels.
J’ai pu me procurer des photos auprès de l’Eurométropole, avec la très aimable autorisation de Jérôme Dorkel, photographe de la Ville.
« Un Hôpital caché sous les Halles », la légende est vraie, mais déformée
En 2013, pendant ma période Urbex, j’étais à la recherche de nouveaux endroits à photographier. On m’a raconté qu’un Hôpital « secret » serait présent sous la Place des Halles et qu’il serait prêt à l’emploi, en cas d’attaque. Des vestiges de la Seconde Guerre mondiale et de la Guerre Froide, réhabilités depuis.
Cet Hôpital existe pour de vrai, mais la réalité est toute autre : il est aujourd’hui abandonné et vidé de l’intégralité de ses équipements. 2 entrées ont été détruites dans les années 50 et le dernier accès est scellé. Surtout, il ne fait que 500m2, ce qui est très peu. À titre comparatif, le NHC représente une surface totale de 90 000 m2.
Il s’agit plutôt d’un abri, qui fut utilisé comme poste de secours durant la Seconde Guerre mondiale. Voici son histoire.
Construit en 1937 par les français, utilisé par les allemands pendant la Guerre
Il pourrait faire penser à un bunker abandonné du projet Dharma dans la série Lost. Sa construction remonte à 1937, par les français.
Les trois accès étaient protégés par des sas empêchant l’entrée de gaz asphyxiants. Une salle d’opération se situe au centre du dispositif et les autres pièces sont organisées de manière concentrique, autour de l’axe.
Durant la Seconde Guerre mondiale, il a été utilisé comme poste de secours par l’armée allemande. C’est pour cette raison qu’on trouve de nombreuses inscriptions en allemand, dans l’édifice.
Aucune photo d’époque n’a pu être trouvée. Les seules en ma possession ont été réalisées en 2012 par l’Eurométropole de Strasbourg, lors d’une inspection de routine avec une entreprise générale de bâtiment.
Comment est née la légende d’un Hôpital prêt à l’emploi ?
Probablement dans les années 70. À l’époque, le projet de Centre Commercial est à l’étude et, bien entendu, l’avenir de ce bunker aussi.
Une note d’architecte stipule alors que l’abri souterrain de la Place des Halles est « « en réserve » en tant qu’antenne chirurgicale de secours dans le cadre d’une éventuelle application du plan O.R.S.E.C. »
L’O.R.S.E.C (Organisation de la Réponse de Sécurité Civile) est un programme d’organisation des secours à l’échelon départemental, en cas de catastrophe.
De là, on imagine que les 45 années qui nous séparent ont eu le temps à l’histoire d’être remodelée et transformée en légende d’un Hôpital secret flambant neuf, utilisable sous les Halles en cas d’attaque.
Quel avenir pour cet Hôpital fantôme ?
Des visites sont occasionnellement organisées par des professionnels du bâtiment, pour s’assurer du bon état de l’abri. Les fondations de l’immeuble du Parking P2 et du Centre Commercial reposent en partie dessus !
Lors de la construction du parking, le choix a été fait de préserver l’abri.
Mais une nouvelle restructuration du quartier est en cours, pour le déménagement de la Gare routière et la construction d’un cinéma.
Dans cette nouvelle configuration, l’abri est aujourd’hui menacé et un groupe s’est créé sur Facebook, pour tenter de le préserver.
Il a survécu à la Guerre et à la transformation du quartier dans les années 70. Arrivera-t-il à survivre à la prochaine ?
En espérant que ce premier article de cette série t’ait plu. Si tu connais des lieux insolites ou des légendes urbaines, tu peux nous contacter et nous mènerons l’enquête !
Un grand merci à Jérôme Dorkel, pour sa réactivité et la qualité de ses photos, qui dégagent tout le mystère d’un lieu que je ne verrai peut-être jamais de mes propres yeux … et aujourd’hui menacé.