Le 18 octobre 1356, les habitants de Bâle s’apprêtent à vivre le séisme le plus important d’Europe Centrale. Un événement qui ravagea en quasi totalité la cité Rhénane.
Bien que son origine soit probablement humaine, le récent tremblement de terre survenu à Strasbourg, nous rappelle que le Rhin Supérieur est une région avec une forte activité sismique ! Et pour cause : le fossé Rhénan poursuit inlassablement de se creuser entre les Vosges et la Forêt-Noire.
Parmi les tremblements de terre, celui du 18 octobre 1356 est encore présent dans les consciences à Bâle : la ville commémore ce cataclysme régulièrement et l’enseigne dans ses écoles primaires !
Un événement aussi rare qu’intense, surnommé le tremblement de terre du millénaire et qui pourrait bien se reproduire dans la région …
Que s’est-il passé à Bâle, le 18 octobre 1356 ?
En fin d’après-midi vers 16h, de premières secousses se font ressentir.
Au sud de la ville, dans la région du plateau de Gempen, à l’Est de la chaîne du Blauen, un tremblement de terre se produit. Des répliques surviendront ensuite, à différentes intensités.
La carte ci-dessous montre la localisation estimée des épicentres. L’activité est si intense, qu’on relève plusieurs séismes majeurs.
Les séismes sont monnaie courante à Bâle.
En 1289 et 1348, la terre tremblait déjà dans le Rhin supérieur. Il fallait donc toujours se préparer aux déclenchements de tels événements.
En début de soirée, les habitants quittent petit à petit leurs maisons, pour se réfugier à l’extérieur de la ville.
À 22h, un séisme estimé à 6,6 sur l’échelle de Richter, frappe Bâle et ses alentours.
Les scientifiques s’intéressent à ce séisme, depuis un peu plus de cent ans. Les seuls récits dont nous disposons, sont uniquement les témoignages de l’époque, corroborés avec des fouilles archéologiques et des analyses géologiques.
Le 18 octobre 1356, la ville subit de nombreuses secousses dans la soirée. Il est raconté que des cheminées s’effondrent et que l’on entend même des cloches sonner en pleine nuit.
Le coup de grâce sera une secousse estimée à 6,6 sur l’échelle de Richter – ces estimations sont basées sur diverses études géologiques dans la région.
À titre de comparaison, le tremblement de terre de Kobé en 1995 était d’une magnitude de 7,2.
Ce que l’on sait, c’est que Bâle a bien résisté au séisme : comme l’ensemble de la région, la ville est principalement construite de maisons à colombages. Ces édifices ont une résistance naturelle aux secousses.
En revanche, les bâtiments en pierre sont fortement touchés. Principalement les édifices religieux, comme trois tours de la Cathédrale de Bâle (qui ne seront jamais reconstruites) ou des éléments des enceintes de la ville.
D’autres édifices en pierre tombent dans la Birsig (affluent du Rhin), formant un barrage qui cédera quelques mois plus tard, causant d’importantes inondations.
Mais pour les bâlois dans l’immédiat, les secousses se calment dans la nuit.
Paradoxalement, un tout autre facteur va entrer en compte, pour causer la destruction de 75% de la ville.
Les séismes causent des incendies ravageurs pour la ville
Imaginez les bâlois, surpris dans leurs occupations de fin de journée : on peut largement imaginer des feux, déjà allumés dans les âtres pour préparer le souper. Les habitants quittent leurs maisons, certains précipitamment.
Dans la nuit, plusieurs incendies se déclenchent dans la ville déjà ébranlée. Les maisons à pan de bois, résistantes aux tremblements de terre, n’échappent pas aux flammes. Les feux se propagent de maisons en maisons et détruisent progressivement la cité Bâloise.
Les habitants, réfugiés à l’extérieur, assistent impuissant au triste spectacle.
Durant 3 jours et 3 nuits, les flammes ravageront pratiquement tout sur leur passage.
Beaucoup de dégâts matériels, peu de dégâts humains
La ville et une partie de ses faubourgs sont presque intégralement rasés. Les maisons en bois sont principalement touchées.
Les habitants, ayant pu quitter Bâle dès les premières secousses, se retrouvent épargnés par cette tragédie.
En tout et pour tout, une centaine de décès sont comptabilisés, sur une population de 7 à 8.000 habitants.
L’hiver approchant, les bâlois se retrouvent sans logement.
Les villages alentours apportent des vivres ; les villes de la région (Mulhouse, Freiburg, Strasbourg, Rheinfelden) viennent en aide pour déblayer la cité.
Ce qu’il faut noter, c’est que la ville est à nouveau habitable en juin 1357, soit huit mois après le cataclysme.
Six ans plus tard, Bâle avait remboursé toutes ses dettes.
En se promenant aujourd’hui dans les rues, nombreuses sont les maisons affichant leur date de construction. Pour la plupart, ces bâtissent datent du XIVè siècle.
Un séisme est-il amené à se reproduire à Bâle et sa région ?
C’est malheureusement fort probable : le sud du Rhin Supérieur est particulièrement à risque, pour les séismes.
La région de Bâle s’y prépare d’ailleurs activement.
En mai 2012, un exercice sismique permit d’estimer les dégâts, si une catastrophe similaire venait à se produire :
- Un bilan humain de 1 000 à 6 000 personnes
- 60 000 personnes blessées à différents degrés
- 1 600 000 personnes sans domicile à court terme
- 50 % des bâtiments endommagés
- 50 à 100 milliards de francs suisses de dégâts matériels
Autre fait notoire : 4 centrales nucléaires se trouvent à moins de 50km de Bâle. Parmi elles, la centrale de Fessenheim (Alsace). Dans sa conception, le tremblement de terre de Bâle de 1356 a été pris en compte comme référence.
Pour aller plus loin …
Merci beaucoup d’avoir pris le temps de me lire !
Voici les articles m’ayant permis de vous raconter cette histoire
- https://blog.nationalmuseum.ch/2019/02/das-grosse-erdbeben-von-basel/
- http://www.seismo.ethz.ch/fr/knowledge/earthquake-country-switzerland/historical-earthquakes/basel-1356/
- https://www.letemps.ch/suisse/650-ans-apres-tremblement-terre-bale-laisse-fissures-memoires
- https://altbasel.ch/dossier/erdbeben.html