La cité ouvrière de Mulhouse
Lorsqu’on parle de Révolution industrielle, on évoque souvent Mulhouse. Tu sais sûrement que cette ville est vite devenue la capitale industrielle de l’Alsace ; elle a même hérité des petits surnoms de “Manchester française” et “ville aux cent cheminées”. Aujourd’hui, je te propose de découvrir un des vestiges de son passé industriel : la cité ouvrière. Suis-moi !
Une cité ouvrière ?
Si je te dis “cité ouvrière”, il te viendra probablement à l’esprit les paysages de maisons de briques à perte de vue qu’on peut voir dans Billy Elliot, et tu auras bien raison ! Ce genre de quartier s’est développé un peu partout au XIXème siècle. À l’époque, le paternalisme est bien ancré : sous couvert de protection, pour soit-disant assurer le bien-être des ouvriers, le patron contrôle chaque instant de la vie de son employé (ça en ferait rêver plus d’un aujourd’hui !). Quoi de mieux, du coup, que de loger tout ce petit monde tout près de l’usine ?
À Mulhouse, la cité ouvrière se construit à partir des années 1850 sur des terrains agricoles alors inondables situés au nord-ouest de la ville. Pas très pratique, me diras-tu… Pas de panique, ils en avaient dans la cervelle et ces terres furent asséchées grâce au percement du canal de l’Ill, situé à proximité de la cité ouvrière. Bon, cela n’empêcha pas l’inondation des caves en période de fortes pluies… Pas très malin, finalement.
La cité ouvrière de Mulhouse est construite selon un plan orthogonal, ou hippodamien, ou milésien, ou en damier. C’est comme tu préfères ! En gros, ça veut juste dire que les rues se croisent à angle droit. Et ça, c’est plutôt rare dans nos villes européennes.
L’architecte de la cité était Emile Muller et le plan des maisons était très simple : chaque maison comprenait un rez-de-chaussée, un premier étage, une cave et un grenier. Devant chaque maison se trouvait un petit jardin. Cette configuration est ce qu’on appelle encore aujourd’hui le carré mulhousien. Je ne vais pas entrer dans des considérations architecturales, donc si tu es curieux et que tu veux en savoir plus, je te recommande ce site Internet.
Les sens à l’honneur dans la cité ouvrière d’aujourd’hui.
Aujourd’hui, la cité ouvrière est toujours visible, entre la rue de Pfastatt et l’Ill. J’ai profité d’un samedi matin tranquille pour m’y rendre.
Lorsqu’on arrive sur place, la première impression est très agréable : c’est comme si nous étions arrivé dans un petit village, alors que nous ne sommes qu’à deux pas du centre ville. La cité ouvrière est composée de rues, coupées à angle droit (plan orthogonal, tout ça) par des passages. Ces passages ne font que 2,50 mètres de large, ce qui donne un rendu assez étrange : tout est entassé, mais du fait de la présence de jardins, chacun a tout de même son intimité. Il est d’ailleurs très drôle de voir que les 2,50 mètres de large ne font pas peur aux riverains, qui se garent sans soucis devant leur entrée, sans certitude de pouvoir repartir puisque les voisins ont fait de même…
Lors de mes pérégrinations dans les rues et passages aux noms parfois champêtres (comme pour faire oublier que nous sommes proche des usines), un vieux monsieur, me voyant avec mon appareil photo à la main, m’interroge sur mon intérêt porté à son quartier. Après avoir expliqué ma démarche, je lui demande ce qu’il préfère ici. Sa réponse : “Ecoutez… Vous entendez ?”. Et effectivement, quel plaisir que celui de ne rien entendre, si ce n’est les sifflements et gazouillements de dizaines et dizaines d’oiseaux nichés dans les arbres et arbustes du quartier. Quel havre de paix !
Lorsque midi approche, les effluves de repas se font sentir à chaque coin de rue. Dans ce quartier, les sens sont à l’honneur ! J’imagine qu’à l’époque, les odeurs étaient plus industrielles et malgré la présence de jardins, les oiseaux ne devaient pas s’y sentir aussi à l’aise qu’aujourd’hui…
Plus loin, dans la rue de Strasbourg, je vous conseille de vous arrêter à l’église Saint-Joseph. Elle présente deux intérêts majeurs. Tout d’abord, sa nef est métallique, ce qui n’est pas ordinaire pour une église : c’est un très joli clin d’œil aux usines. Cependant, elle n’est malheureusement pas toujours ouverte aux curieux. Sa deuxième particularité est son absence de parvis, et cela pour une très bonne raison : éviter l’attroupement des ouvriers après la messe. Quand je disais que le paternalisme était bien présent…
En résumé, la cité ouvrière est un lieu chargé d’Histoire, où je te conseille de te promener avec les sens aux aguets. Il existe plus de 1000 logements, donc tu auras de quoi faire. Je te conseille de t’y promener soit en automne, lorsque la cité se pare de milles couleurs, soit au printemps, lorsque les oiseaux sont de retour et que les arbres sont en fleurs.
Si tu veux en savoir plus sur ce lieu particulier, ce petit village dans la ville, n’hésite pas à te renseigner auprès de la Maison du Patrimoine, qui propose souvent des visites guidées du lieu.
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